Continuez tout droit.

Une semaine que je t'ai quitté à mon tour. J'ai beaucoup pleuré le premier jour.

Tu es toujours là dans mes pensées, encore et toujours là à chaque détail qui te fait revenir.
Au réveil, tu m'accompagnes sous la douche, bien chaude.
Au petit déjeuner, tu ne manges pas beaucoup. Tu me regardes et tu m'embrasses dès que tu le peux.
La journée, je te vois partout sur les murs, sur le papier... et le soir je regarde ton émission. C'est le seul moment de la journée où je sais ce que tu fais. On partage la même image, même si toi tu l'ignores.


Pourtant je t'ai quitté. Mais rien n'y fait. J'ai toujours ces moments de vide intense, de doute et de remise en question. Pire encore... tu t'effaces peu à peu... Ta voix est de moins en moins forte, ton visage de plus en plus confus. J'oublie tes nombreux grains de beauté sur ton visage, j'oublie tes longs cils. Je sais qu'ils sont là, mais je ne les vois plus. Seule ta présence persiste. Je perds prise peu à peu car plus rien ne m'accroche à toi.

Tu disparais peu à peu, mais j'ai toujours aussi mal. Je ne suis plus sûr d'être prêt à te laisser partir. Si seulement tu me reprenais.

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Sens unique


Tu m'as quitté. Moi non. Et je le veux bien.


Tu es là parce que j'ai choisi de te faire rester. J'écoute ta musique, je mange tes gâteaux, j'utilise ton savon...

Tu es là parce que je l'ai décidé. Quelque part, tu y gagnes. T'aimer te rend idéal à mes yeux. Tu n'as aucun défaut. Désirable. Intelligent. Affectueux.

Je souffre beaucoup de ton départ, et si je suis encore là devant toi aujourd'hui, c'est parce que je n'ai pas la force de ne plus l'être.

Seulement voilà, dans quelques jours, je prendrai la décision d'avancer. Et pour aller de l'avant, je vais devoir te rendre quelconque. Tu perdras ta beauté. Tu deviendras immature, fade et irrespectueux. Et ça je ne veux pas. Je n'y suis pas prêt pour le moment.

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Coeur à vif







Parfois mon coeur me fait tellement mal que je voudrais ne plus l'avoir, me l'enlever, l'éteindre un moment. Devenir pierre pour soulager mon âme. Agir sans conscience, sans penser aux conséquences. Vivre à court terme, juste un moment.

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L'éveil des sens

Ce matin là, quand je me suis réveillé, j'ai senti que quelque chose était différent : j'étais bien.

Extrêmement léger. Incroyablement reposé. Simplement bien.

J'ai donc prolongé cet instant en laissant mes yeux fermés. J'ai doucement laissé mes sens se réveiller.

Mes mains le long du corps, un pied découvert et mon visage posé sur l'oreiller, j'ai senti ma peau frémir sous les caresses du coton. J'ai alors ouvert les yeux, ma face toujours posée sur l'oreiller. Ils se sont naturellement dirigé sur les draps dont le bleu pastel amplifiait la douceur.

Puis, alors que mon esprit n'avait toujours pas retrouvé mon être, une odeur me chatouilla les narines : une odeur profonde, amère, mais agréable... celle du café fraichement coulé.

C'est à ce moment que mon esprit est arrivé. Il a remis mon émotivité et ma raison en place, et j'ai commencé à comprendre... Les chuchotements glissés à mon oreille encore assoupie n'ont fait que confirmer ma pensée.

Tout mon être s'est alors levé, sans que mon esprit ne puisse l'empêcher. Les draps ont glissé sur ma peau nue, mes paupières se sont de nouveau refermées, et quand mes lèvres et mes papilles se sont elles aussi réveillées, c'est tout mon corps qui a frémi.

J'étais bien, simplement bien.
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De toi et moi vers nous

Les deux amants étaient au lit ; l'un contre l'autre après l'amour, prêts à s'endormir. L'homme rompit subitement le silence.

"- Pourquoi moi?

Elle se retourna vers lui. Un air étonné se fit sentir sur son visage. Elle semblait touchée par cette question soudaine. Elle posa alors une main sur son torse dévêtu et prononça les mots suivants :

- Tu mets toujours la chaussette droite avant la gauche, tu ne supportes pas le robinet qui coule pour rien, tu places chaque carte, chaque ticket... à une place précise dans ton portefeuille, tu vérifies toujours deux fois que la porte d'entrée est bien verrouillée, tu t'agaces dès que la fumée du barbecue te pique un peu les yeux, tu sou...."

Il mit son doigt sur sa bouche, comme pour la faire taire, presque gêné d'avoir posé cette question, mais pourtant soulagé par les mots qu'elle venait de lui offrir.


Et si c'était ça, être un couple?
^^